Ouvertures n° 27 – Mai 2012 | |||||
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Selon l’association CriiEAU (Comité de recherches et d´informations indépendantes sur l´eau), la qualité de l’eau du robinet en France est « bien plus préoccupante » que ne le disent le ministère de l’écologie et même l’UFC-Que Choisir.
Le 20 mars 2012, l´UFC-Que Choisir a publié une étude, qualifiée de « préoccupante », sur la qualité de l’eau potable en France, même si elle conclut que 97,5% des Français ont accès tout au long de l’année à une eau de bonne qualité. Pour l’association en effet, « près de deux millions de consommateurs paient, eux, pour une eau non conforme aux critères règlementaires. Le cocktail des principaux polluants décelés (pesticides, nitrates, sélénium) met en évidence les graves menaces que la pression agricole fait peser sur la ressource ». Or, selon l’association CriiEAU, la situation est « bien plus préoccupante que l´on ne croit ». Dans un communiqué publié le 24 mars 2012, elle indique que « le constat alarmant lancé par l´UFC-Que choisir sur la qualité de l´eau du réseau repose sur des données fournies par le ministère de l´écologie. Ces données officielles, basés sur des normes obsolètes, livrent une vision incomplète de l´étendue des dommages. Cela fausse l´analyse de l´UFC Que Choisir qui passe ainsi sous silence d´autres pollutions existantes. Notamment celles liées aux résidus pesticides, génétiques et médicamenteux présents dans l´eau ». Les pesticides : un danger réel sous-estimé « Le danger réel des pesticides est bien plus grand que ne l´indique l’UFC-Que Choisir. Pour beaucoup de pesticides présents dans l´environnement, seuls 10 % du produit se trouvent sous leur forme moléculaire d´origine. 90 % du produit ont plus ou moins été dégradés par les UV et les bactéries de l´environnement. Ces molécules dégradées ne sont plus détectables simplement par les méthodes physico-chimiques conventionnelles. Ces résidus possèdent pourtant très fréquemment une toxicité similaire aux molécules d´origine. C´est pourquoi l´effet biologique réel des pesticides est très mal évalué par les méthodes physicochimiques conventionnelles. Seuls des tests biologiques (test d´inhibition de la synthèse d´ARN, test d´ancrage cellulaire…) permettent d´en mesurer directement la toxicité. Ces tests biologiques, normalisés depuis 10 ans, ne sont hélas pas pris en compte par les normes réglementaires mesurant la qualité de l´eau ». L’eau, facteur de diffusion de l’antibiorésistance
« L’enquête [UFC-Que Choisir] ignore différents dangers microbiens transmis par l´eau potable, notamment les rotavirus et les norovirus, résistants à une chloration ordinaire, et à l´origine de nombreuses épidémies de gastroentérites virales hivernales, d´après l´aveu même du ministère de la santé ». De même, sont négligées « les fréquentes parasitoses transmises par l´eau potable (Giarda, un protozoaire) ». Surtout on ne tient pas compte de « la transmission par l´eau potable de gènes de résistances aux antibiotiques, explique Claude Danglot, médecin et ingénieur hydrologue, responsable scientifique du Criieau. L’eau conforme aux normes bactériologiques contient des bactéries qui, si elles ne sont pas forcément pathogènes, portent des gènes résistants aux antibiotiques. Ceux-ci se retrouvent dans les sols et dans l’eau dite potable et transmettent la biorésistance de façon importante à d’autres bactéries, notamment par le biais des plasmides et des transposons. Ainsi, contrairement à ce qui est dit généralement, la source de la résistance des bactéries aux antibiotiques chez l’homme est plus d’origine environnementale que médicamenteuse. Le Danemark, qui a interdit totalement en 1995 les antibiotiques dans l’élevage animal, a vu s’effondrer en quelques années l’antibiorésistance humaine » (1). Le problème est que ces éléments génétiques transmis par les germes banals de l´eau ne sont actuellement pas « pris en compte par la réglementation. Ils nous sont transmis en droite ligne par l´élevage animal qui utilise les deux tiers des antibiotiques consommés en France (rapport Afssa) ».
L’aluminium pourrait être remplacé Concernant le lien de cause à effet entre l´aluminium et la maladie d´Alzheimer, ce sujet fait lui aussi toujours l’objet de controverses scientifiques sur sa dangerosité dans l’eau. Le Criieau rappelle qu’en tout état de cause, « les sels de fer sont substituables avec une totale innocuité aux sels d’aluminium comme floculant pour la potabilisation de l’eau. » ———————————— (1) Frank Moller Aarestrup and co, Danish Veterinary Laboratory, Copenhague : Effect of Abolishment of the Use of Antimicrobial Agents for Growth Promotion on Occurrence of Antimicrobial Resistance in Fecal Enterococci from Food Animals in Denmark, Antimicrobial Agents and Chemtherapy, juillet 2001. > « L’eau et la santé », présentation de Claude Danglot qui explique notamment le mécanisme de transfert de la biorésistance entre bactéries de différentes espèces. > Chaque année en Europe, environ 25 000 patients meurent des suites d’infections provoquées par des bactéries résistant aux médicaments, un phénomène qui entraîne un surcroît de dépenses de santé et des pertes de productivité de plus de 1,5 milliard d’euros. > Autres articles sur ce thème dans Ouvertures : – Claude Danglot : «Il faut mesurer la toxicité d’eau, pas seulement son respect des normes» – Santé/eau potable : Un Comité indépendant d’information sur l’eau en préparation |
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4 Mai