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Japon/Fukushima : une catastrophe sanitaire, humanitaire, sociale, écologique, agricole, économique sans issue.


Entre 80 et 120 microsieverts de radioactivité par heure dans un buisson près de la gare de Koriyama à Fukushima, 2600 becquerels par litre de tritium dans de l’eau pulvérisée dans l’enceinte de la centrale, 27.100 térabecquerels de césium-137 dans l’océan pacifique soit 20 fois l’estimation de l’exploitant nucléaire, eau/côte/poissons/produits de la mer contaminés durablement, radioactivité continuant à s’échapper du site accidenté estimée à 100 millions de Becquerel (MBq/h) par heure selon l’exploitant Tepco : le monde entier est confronté avec le nucléaire à une catastrophe sanitaire,  humanitaire, sociale, écologique, agricole, économique sans issue.

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Catastrophe sanitaire, catastrophe humanitaire, catastrophe sociale, catastrophe écologique, catastrophe agricole, catastrophe économique

Pour mesurer l’étendue des dégâts et l’ampleur de la catastrophe de Fukushima, il faut savoir que la majeure partie des bâtiments et de la zone qui les entoure restent tellement contaminées qu’il est impossible d’y travailler, même avec des équipements spéciaux. L’ensemble des installations émet donc en permanence, comme c’est encore le cas à Tchernobyl, une radioactivité de 30 à 90 microsieverts par heure qui se répand dans les campagnes au gré de la météo. La plupart des cultures, qu’il s’agisse du riz, des légumes ou du fourrage destiné au bétail, sont donc de plus en plus contaminés, jusqu’à une centaine de kilomètres de la centrale. Ce qui prive de revenus les agriculteurs et les éleveurs.

Au delà de la catastrophe économique qui affecte la zone plus ou moins contaminée qui s’étend régulièrement, reste la situation des réfugiés. Ceux qui ont fui le désastre du tsunami et ceux qui s’efforcent d’échapper à la contamination, malgré un manque criant d’informations. Faute de solution de relogement, beaucoup d’habitants sont restés sur place, en désobéissant parfois aux ordres mollement donnés pas des autorités dépassées qui distribuent compteurs et dosimètres de radioactivité au compte-goutte. Beaucoup de ruraux sont restés sur place, beaucoup de paysans qui continuent à cultiver des légumes qu’ils sont seuls à manger. Ils prennent aussi soin d’animaux dont ils ne peuvent plus vendre ni le lait ni la viande.

Le gouvernement japonais est incapable de fournir le nombre de ces dizaines de milliers de Japonais restés dans les zones contaminées. Idem pour le nombre des évacuées. Les autorités nippones sont plus portées, avec l’aide de Tepco et des syndicats agricoles, à organiser des opérations de communication tendant à prouver que la situation n’est pas aussi grave, à la centrale comme dans les provinces touchées, que le prétendent les anti-nucléaires japonais. Et ce alors qu’une information reste encore inexpliquée : pourquoi, hors de la centrale Fukushima, 37 des 57 réacteurs japonais sont-ils toujours à l’arrêt ?

Radioactivités alarmantes à Koriyama à 60 km à l’ouest de la centrale nucléaire en perdition et à Kashiwa à 200 km au sud, dans la banlieue de Tokyo.

Voilà plus de 7 mois que s’est produit le terrible accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daïchi et il semble qu’une concentration de matériaux radioactifs se manifeste à l’est du Japon. 57,5 microsieverts par heure de radioactivité dans le sol d’une terre appartenant à Kashiwa à Chiba apparaissait extraordinairement élevé quand cela a été mesuré pour la première fois, mais peut-être que non car les autres mesures qui parviennent de différents endroits sont toutes autant alarmantes.

La télévision de Fukushima a rapporté que le niveau de radioactivité près du sol près de la gare ferroviaire s’élevait entre 80 et 120 microsieverts par heure à Koriyama, dans la préfecture de Fukushima. Si quelqu’un restait sur ce point chaud de 80 microsieverts par heure 24 heures par jour pendant un an, la radiation externe serait de 700 millisieverts.

S’il est possible que la radioactivité à cet endroit ait pu toujours être élevée, sa découverte aujourd’hui met en évidence que de plus en plus d’habitants se sont dotés de dosimètres personnels pour prendre en main leur destiné et effectuer des mesures indépendantes partout.

Il n’est pas exclu non plus que cette mesure révèle, au vue de différentes couleurs du sol, qu’un apport sauvage de terre fortement contaminée ait été amené par une organisation ayant tenté de se débarrasser de produits fortement toxiques. Tout est possible.

Du strontium radioactif détecté à 250 km de la centrale

A 250 km de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, selon le journal Asahi repris par « Voix de la Russie« , du strontium radioactif a été détecté à Yokohama courant octobre 2011. Du strontium mais aussi du césium découverts lors de l’analyse du sol et de l’argile prélevés dans un égout et sur le toit d’un immeuble.

175 000 t d’eau radioactive à la centrale

La quantité d’eau radioactive accumulée à la centrale nucléaire accidentée de Fukushima a atteint les 175 000 tonnes dont la plus grande partie est concentrée dans les sous-sols et le système de drainage de la centrale, selon l’opérateur Tepco. Cette quantité a augmenté depuis quatre mois en raison de l’afflux d’eaux souterraines et continue d’augmenter d’environ 450 tonnes par jour, à cause de nombreuses fissures dans les fondements.

Les spécialistes craignent que les pluies ou des pannes du système de désactivation ne provoquent de nouvelles fuites radioactives.
Diaporama : Fukushima, à l’intérieur du cauchemar

2600 becquerels par litre de tritium dans de l’eau pulvérisée dans l’enceinte de la centrale

Supposée supprimer les incendies et la poussière, l’eau que l’exploitant Tepco pulvérise dans l’enceinte de la centrale depuis des mois s’accumule dans les soubassements des réacteurs 5 et 6 et est censée être traitée par un système qui utilise le principe de l’osmose inverse. La société nucléaire assure que l’eau est ainsi rendu plus inoffensive que l’eau des bains de mer… bien qu’elle dépasse la norme de l’OMS. Pourtant des nucléidessubsistent après le traitement et notamment le tritium (H3) un béta émetteur dont l’ingestion est l’assurance d’un cancer du tube digestif et de la bouche.

césium-137 dans l’océan pacifique : 27.100 térabecquerels soit 20 fois l’estimation de l’exploitant nucléaire

L’institution française gouvernementale IRSN (l’héritière du Service du Pr Pellerin qui avait déclaré que le nuage radioactif de Tchernobyl s’était arrêté à la frontière) indique que ses mesures révèle une quantité de césium-137 dans l’océan pacifique à hauteur de 27.100 térabecquerels soit 20 fois plus que les déclarations de TEPCO. Cette forte contamination radioactive du milieu marin provient de deux sources principales : d’une part  le déversement direct d’eaux contaminées depuis la centrale, qui s’est produite après l’accident nucléaire du 11 mars 2011 et a duré environ jusqu’au 8 avril, et d’autre part, les retombées dans l’océan d’une partie des radionucléides rejetés dans l’atmosphère entre le 12 et le 22 mars.

A proximité immédiate de la centrale, les concentrations dans l’eau de mer ont atteint fin mars et début avril jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de becquerels par litre (Bq/L) pour les césiums 134 et 137 (*) et même dépassé 100 000 Bq/L pour l’iode 131. Si l’iode 131 a rapidement diminué en raison de sa période radioactive courte (8 j) , les concentrations en césiums 137 et 134 ont commencé à décroitre dans cette zone qu’à partir du 11 avril et, depuis mi-juillet.

L’eau, la côte, les poissons et produits de la mer contaminés durablement

Ce rejet radioactif en mer représente le plus important apport ponctuel de radionucléides artificiels pour le milieu marin jamais observé. Une dispersion des radionucléides s’est propagée du fait des courants les plus importants du globe qui ont poussé les eaux contaminées vers le large de l’océan Pacifique. Non seulement l’eau de mer en proximité de la centrale nucléaire et les sédiments côtiers sont contaminés et génèrent des conséquences pour les espèces pélagiques, sans que les autorités ne puissent affirmer que la dilution conduira à une cessation du risque et de la contamination qui pourrait bien persister dans le temps, à cause des apports continus de substances radioactives transportées vers la mer par le ruissellement des eaux de surface sur des sols contaminés.

De plus, certaines zones du littoral, non encore identifiées, pourraient montrer des conditions de dilution ou de sédimentation moins favorables que celles observées jusqu’à présent. Enfin, la présence éventuelle d’autres radionucléides persistants, comme le strontium 90 ou le plutonium, n’a pas été suffisamment caractérisée par des mesures. Les résultats de mesure récents montrent la persistance d’une contamination des espèces marines (poissons principalement) pêchées sur les côtes de la préfecture de Fukushima. Les organismes benthiques et filtreurs ainsi que les poissons au sommet de la chaine alimentaire sont, dans la durée, les plus sensibles à la pollution au césium. Il est donc plus que justifié de s’abstenir de consommer des espèces marines prélevées dans les eaux côtières de Fukushima et les zones contaminée du Pacifique.

Le site de Fukushima relâche toujours 2.4 GBq chaque jour dans l’atmosphère

Tepco a annoncé dans un de ses bulletins de la mi-octobre que la quantité de radioactivité continuant à s’échapper du site accidenté était estimée à 100 millions de Becquerel (MBq/h) par heure. Les premiers jours après l’accident, 6 Tbq s’échappaient chaque heure des réacteurs éventrés et des piscines asséchées. Si la quantité relâchée est 6000 fois moins élevée qu’au début de l’accident nucléaire, par comparaison en France, un site de production équivalent à celui de Fukushima (6 tranches) est autorisé à relâcher environ 0.8 GBq d’effluents radioactifs gazeux par an, soit 90000 Bq par heure (hors gaz dits « nobles »). Ce qui est aussi une autorisation officielle de contamination de l’air et de l’eau dont les populations subissent les effets nocifs au quotidien sur la santé.

C’est donc à une équation insoluble que tentent de résoudre les autorités locales de la région de Fukushima : comment décontaminer sols, toits, bâtiments, aires de jeux, stades, jardins publics… qui sont déjà gravement contaminés et pour de nombreuses années alors qu’à 60 Km de là, le site accidenté de Fukushima Daiichi relâche toujours chaque jour, chaque heure, de nouveaux radioéléments dans l’atmosphère ? Prenons une analogie : comment vider un récipient avec une cuillère à soupe (les travaux de décontamination forcément lents et pénibles) alors qu’un robinet même faiblement ouvert continue – facilement – à remplir le récipient en continu ? Le remède étant bien plus lent à se déployer que le mal à agir, la bataille de la décontamination au Japon est loin d’être gagnée !

Radioactivité anormalement élevée dans un arrondissement de Tokyo

A la suite d’une mesure effectuée au début du mois par des habitants, un niveau de rayonnement radioactif anormalement élevé de 2,7 microsieverts par heure a été confirmé le long d’une rue de l’arrondissement de Setagaya à Tokyo situé à 200 km de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Cet endroit est situé à proximité d’établissements scolaires et de jardins d’enfants et longe le chemin de l’école

Les autorités ont demandé aux citoyens de ne pas s’approcher de ce lieu. Rien de plus, alors que selon les calculs effectués à partir des critères du ministère japonais des Sciences, le niveau d’exposition s’y élèverait à 14,2 millisieverts par an, c’est à dire plus élevé que celui mesuré dernièrement à Litate, une des municipalités évacuées de la préfecture de Fukushima.

L’une des hypothèses possible serait que l’origine de la radioactivité portant atteinte à la santé et à la vie des habitants et des enfants pourrait provenir de l’accumulation d’eau de pluie porteuse de particules radioactives. Et situation ubuesque les autorité en sont a tenter de définir  » la cause exacte doit être analysée pour ensuite décontaminer les lieux et s’assurer qu’il n’y pas d’autres endroits dans le même cas ». Bel intérêt que de savoir par quel outil meurtrier la mort est donnée par les nucléocrates!

Du plutonium retrouvé à 80kilomètres de Fukushima

Pour la première fois depuis l’accident du complexe nucléaire de Fukushima, du plutonium (radiocontaminant artificiel n’extistant pas à l’état naturel) a été détectée en plusieurs lieux du nord-est du Japon, largement en dehors de l’enceinte de la centrale, à 80 kilomètres dans le sol à six endroits. Le gouvernement nippon l’a reconnu le 30 septembre, précisant que les teneurs relevées n’avaient évidemment  « rien d’alarmant ».

Le plutonium est sans nul doute issu des réacteurs du complexe nucléaire de Fukushima dont le combustible a fondu et est tombé au fond de la cuve. Du plutonium avait déjà été décelé sur le site même de la centrale. Dans le cas présent, la plus forte densité de plutonium 239 et 240 (4,0 becquerels par mètre carré) a été enregistrée dans une ville située à quelque 30 kilomètres de celle-ci, a précisé le ministère. Dans un autre village, à 45 km, la teneur était de 0,82 becquerel par mètre carré.

Vers une recrudescence des pathologies de la thyroïde aboutissant à des cancers à long terme

Au vu de ces premiers résultats sur une petite portion des enfants évacués, les autorités médicales redoutent une recrudescence dans l’ensemble des enfants évacués des pathologies de la thyroïde aboutissant à des cancers à long terme. Aussi une campagne de dépistage systématique des problèmes thyroïdiens a été lancée le 9 octobre par les autorités médicales Japonaises sur l’ensemble des 360 00 enfants de moins de 18 ans évacués des environs de la centrale de Fukushima.

L’étude systématique prendra plusieurs années selon le Dr Shinich Suzuki, et consistera à des examens aux ultrasons de la glande thyroïde.

Fukushima : dépistage de troubles thyroïdiens, résultats préoccupants et nouvelles évacuations

Les premiers résultats du suivi sanitaire d’une fraction significative de la population évacuée suite à la catastrophe nucléaire viennent d’être publiés par le Mainichi Daily News et ils sont préoccupants. Environ 9,7% des enfants évacué de la préfecture de Fukushima et qui ont transité par la ville de Chino présenteraient des troubles thyroïdiens.

C’est l’hôpital de Shinsu avec l’aide de la Japan Chernobyl Foundation qui a mené cette étude épidémiologique sur les enfants de moins de 16 ans évacués de la préfecture de Fukushima et en transit à Chino. L’étude qui a duré un mois (en août dernier) incluait des analyses systématiques de prélèvements sanguins et d’urine, sur un total de 130 enfants. Les analyses ont porté notamment sur les niveaux d’hormones thyroïdienne dans les échantillons ainsi que ceux de thyroglobuline, une protéine dont la présence peut résulter de dommages thyroïdiens. 10 des enfants ont présenté des taux anormaux lors de ces tests. Ces enfants ne présentent pas d’autres symptômes mais ont été placés sous observation à long terme.

Le scandale de l’iode : examens de la thyroïde des 360 000 enfants de la province

Sept mois après les débuts de la catastrophe de Fukushima du 11 mars, ont commencé, dimanche 9 octobre, les examens de la thyroïde des 360 000 enfants de la province. Un contrôle systématique qui avait été annoncé lors d’une réunion spéciale le 24 Juillet à la préfecture de Fukushima et devrait durer… pendant toute la vie de ces jeunes.

Comme nul ne l’ignore plus, de l’iode radioactif s’est échappé massivement dès les premières heures de la catastrophe. Cet iode allant ensuite se fixer tout particulièrement dans la glande thyroïde des personnes exposées, conduisant à une émission radioactive interne -qui peut provoquer un cancer. A noter qu’enfants et jeunes sont les plus sensibles à cette exposition, comme l’ont montré les études réalisées après la catastrophe de Tchernobyl.

Problème majeur : aucune contremesure spécifique n’a été prise à ce moment crucial. En particulier, n’ont pas été immédiatement distribuées les pastilles d’iode nécessaires. Ces dernières, rappelons-le, doivent venir « saturer » la thyroïde en iode non radioactif (empêchant donc ensuite la fixation de l’iode radioactif).

C’est le journal américain Wall Street journal, qui l’a clairement révélé le 29 septembre après avoir mené l’enquête sur le terrain et obtenu des « documents officiels » sur lesquels l’auteur de l’article Yuka Hayashi, base sa publicaton : « Tokyo n’a donné l’ordre de distribuer les pilules que cinq jours après les débuts de l’accident du 11 mars, bien que les experts en sûreté nucléaire aient recommandé de le faire immédiatement ». Autrement dit, trop tard, après les premiers pics d’arrivée de l’élément radioactif.

Le nucléaire c’est le chaos

Comme le rappelle le quotidien américain, ce n’est pas que les pilules en question aient manqué, (il y en aurait d’ailleurs toujours des stocks inemployés et désormais devenus inutilisables) mais que des autorités locales, déboussolées, n’aient par exemple pas su quoi en faire. L’un des responsables du « village de Kawauchi » a ainsi expliqué que « la plupart de nos résidents ne savaient absolument pas qu’ils étaient supposés prendre un tel médicament ». Pendant ce temps, avant même l’ordre officiel de distribution du 16 mars, l’attitude était inverse ailleurs : « deux villes situées près de la centrale, Futaba et Tomioka, en tout 22 500 habitants, avaient ordonné de façon indépendante la prise des pilules de leur stock, selon des officiels de ces villes ».

Le gouvernement a désigné des zones d’évacuation , tandis que dans certaines zones on rappelle les gens à la maison, tandis que dans une zone appelée Watari, d’où aucune évacuation n’est recommandée, un haut niveau de césium 30000 Bq / km  a été mesuré par un groupe de civils.

Autre problème, grave, que ne manque pas de souligner fortement le journal américain : la question du relèvement intempestif du seuil d’administration (vis-à-vis de radioactivité ambiante) des pilules en question. Une décision qui montre l’incapacité – ou pire- par les autorités locales à prendre ces jours-là les mesures de protection qui s’imposaient, et révèle les dissensions avec les autorités centrales.

L’histoire peut apparaître comme compliquée, d’autant que les unités utilisées ne sont pas les « sieverts » habituels, mais une mesure de radioactivité en « coups par minute ». Le WSJ explique ainsi en substance que le seuil (à partir duquel doivent être administrées les pastilles d’iode), initialement de 13 000 coups par minute (comme le recommandent les manuels officiels) a été relevé le 14 mars par les autorités de Fukushima à 100 000 coups/minute. Un niveau que n’a pas initialement accepté la Commission de sûreté nucléaire (NSC) -d’autant que pour les enfants, il faudrait un niveau 10 fois moindre que le seuil initial. Mais elle a fini par s’y résoudre.

L’opinion publique européenne et le nucléaire après Fukushima

Après ce retour sur des événements dramatiques, il ne faut pas manquer de lire les rappels que fait une étude très circonstanciée de l’IFOP intitulée « L’opinion publique européenne et le nucléaire après Fukushima », disponible sur le site de la fondation Jean Jaurès. Comme le soulignent ainsi dans leur analyse les deux chargées d’études Laure Bonneval et Cécile Lacroix-Lanoë, « ce qui a changé avec la catastrophe de Fukushima n’est pas tant la perception de risques associés à l’énergie nucléaire que la hiérarchie de ces risques. En effet, avant 2011, la sûreté des installations nucléaires n’apparaissait que comme un risque secondaire. »  La première crainte au niveau européen, notent-elles en se basant sur les résultats de l’Eurobaromètre de 2009, c’était alors le terrorisme contre les centrales nucléaires, suivi par la question du stockage ultime des déchets radioactifs.

Mais après Fukushima, (sondage en juin 2011), changement de point de vue. Pour les Français, «  la sûreté des installations et des infrastructures constitue la dimension qui doit être prioritairement prise en compte dans les choix énergétiques nationaux ». Une priorité qui se traduit chez nos voisins européens (Italie, Allemagne, UK, Espagne, Belgique,…) par privilégier « le caractère renouvelable de la source d’énergie ». De quoi interpeller chez nous l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dont les avis sur la sûreté des centrales françaises les présentent toujours comme « sûre ».

Les autorités confirment les cartes des ONG : zones fortement contaminées au delà du périmètre évacué de 20 km

De nombreuses cartographies de la radioactivité sur l’île de Honshu, où se trouve Fukushima, ont été publiée. Jusqu’ici c’était des ONG qui publiaient des chiffres qui montraient des zones fortement contaminées s’étendant largement au delà du périmètre évacué de 20 km autour de la centrale et dépassant par endroits 30 fois les nouvelles normes, plus laxistes, mises en place par le gouvernement depuis le désastre.

La majorité des échantillons prélevés montrent une contamination au Césium et à l’Iode mais pour la première fois, du plutonium, été retrouvé à 45 km de la centrale endommagée. La moitié des échantillons ont aussi révélé la présence de strontium , y compris à la limite maximale de la zone étudiée, située à 80 km de la centrale.

Ni le plutonium ni le strontium n’émettent massivement des rayonnement gamma, contrairement au Césium et l’Iode radioactif, mais ils sont tous les deux extrêmement dangereux en cas d’ingestion ou d’inhalation même à de très faibles doses. La période de demie vie de certains isotopes du plutonium est de 24 000 ans. Les mesures les plus hautes s’élèvent à 500 Becquerels par m² pour le Strontium-89 et 130 Becquerels par m² pour le Strontium-90

La question des doses auxquelles sont exposées les populations non évacuées se pose avec d’autant plus d’acuité que les niveaux de contaminations de certaines zones sont maintenant certifiés.

L’Economist révèle que les taux de contamination dans la commune de Litate (à 45 km de la centrale) dépassent 150 millisieverts par an dans les collines environnantes.

C’est la ville de la ville de Namie, (à 22 km de la centrale) qui a les taux les plus élevés de la zone non évacuée. On y a relevé des doses d’exposition allant jusqu’à 229 millisieverts par an.

Les enfants évacués de Namie sont prioritairement visés par la campagne de dépistage des problèmes thyroïdiens. Ils font parte des 5000 enfants qui seront suivi régulièrement jusqu’à leurs 20ème anniversaire.

Plusieurs ONG, comme FoE Japan et Citizens Against Fukushima Aging Nuclear Power Plants pétitionnent pour obtenir le droit d’évacuation des habitants exposés à des doses supérieures à la normale et en particulier les enfants.

Les habitants ne pourront pas rentrer chez eux avant au moins 20 ans

Selon une carte gouvernementale, le sol à 34 endroits dans 6 municipalités de Fukushima est pollué par du césium radioactif. Les teneurs sont plus élevées que le standard du désastre de Tchernobyl utilisé pour les évacuations forcées.

La carte montre que 6 municipalités de Fukushima comptent plus de 1,48 million de becquerels de cesium 137 par mètre carré. Des experts indiquent que certains habitants ne pourront pas rentrer chez eux avant au moins 20 ans. Par ailleurs, un homme qui avait travaillé une semaine en août dans la centrale nucléaire est mort de leucémie aiguë.

Mais, evidemment, la société Tokyo Electric Power Corporation affirme  que sa mort n’est pas provoquée par les radiations, puisque qu’il avait subi une exposition de radiation externe de 0,5 millisieverts, c’est-à-dire moins que le point de référence fixé à 5 millisieverts par le ministère de la Santé, du Travail et de l’Assistance sociale. Alors s’il est mort dans les normes…

Témoignage d’une habitante

« Je me suis enfuie de Fukushima, ma ville de naissance, avec ma fille et mes parents en laissant mon mari là-bas. D’abord, nous avons été à Tokyo, maintenant nous sommes à Kyoto. Notre famille est obligée de vivre séparément. On a perdu notre région, on ne sait même pas quand l’accident se terminera…

Après l’accident, l’Etat japonais, le préfet de Fukushima et le maire de la ville de Fukushima ne nous ont pas informés de ce qui se passait réellement. Ils n’ont même pas procédé à une évacuation correcte, ils ne nous ont pas du tout protégés. Donc, nous avons été obligés de nous sauver par nous-mêmes, avec notre propre jugement de la situation.

Des points chauds se sont créés un peu partout dans la ville. Les enfants ne peuvent pas partir de Fukushima et ils portent un masque quand ils sortent dehors. Il leur est interdit de faire du sport, ils vivent avec beaucoup de limitations, sans la liberté que l’on offre aux enfants habituellement.

Notre pays a reçu 770,000,000,000,000,000 Bq de radioactivité, mais le gouvernement fait vivre toute la population comme avant. Ils nous font croire que toutes les normes sont sécurisées. Même si les normes ont été augmentées, même pour les enfants. »

Niveau de référence : un marchandage de tapis.

Le gouvernement Japonnais a finalement décidé d’évacuer Itate (6000 habitants) après avoir constaté que la décontamination du sol ne réglait pas le problème : le vent dispersait les particules de Césium déposées sur les arbres qui re-contaminaient le sol. Il a bien fallu reconnaître que les opérations de décontaminations seraient bien plus vastes que ce que les autorités pensaient.

Ces constatations recoupent également les mesures publiées par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, qui conclue à une pollution comparable à celle de Tchernobyl par son intensité et son étendue.

Mais, bien que réduitent à constater que l’évacuation exigée par les ONG est incontournable, les autorités ont entamé un combat pour tenter de minimiser l’étendue des zones concernées.

Selon les normes antérieures à la catastrophe, la dose admissible pour les civils était de 1 millisievert par an. Tout l’enjeu est maintenant de déterminer à partir de quel seuil on procède à des évacuation complémentaires. Gouvernement Japonnais et ONG marchandent le niveau au dessus duquel on procédera à des évacuations et il semble qu’on s’achemine vers un niveau de référence de 20 millisieverts par an.

Cela correspond approximativement à étendre le périmètre d’évacuation à un rayon de 30 km de la centrale et d’y ajouter une zones contiguë au nord-ouest où la contamination des sols dépasse 300 becquerels par m². Pourtant cette évacuation ne réglera pas définitivement le problème. Des tâches de radioactivité très élevés commencent à être découvertes jusqu’à Tokyo.

Un appel pour l’évacuation de tous les enfants de Fukushima et stopper le redémarrage de toutes les centrales nucléaires

Garantir les droits pour l’évacuation de tous les enfants de Fukushima et stopper le redémarrage de toutes les centrales nucléaires qui sont actuellement à l’arrêt pour vérification: c’est le ses de l’appel des femmes de Fukushima.

 » Cet appel est lancé à toutes les femmes dans le monde pour se joindre à l’action au cours de cette période afin de démontrer votre solidarité aux femmes de Fukushima. Vous pouvez adresser la pétition à l’ambassade japonaise , ou l’envoyer directement au METI ou au Premier ministre Noda, vous pouvez manifester devant les ambassades japonaises. C’est à vous de voir le type d’action que vous pouvez entreprendre. Ce que nous voulons c’est  l’information sur votre action que nous pourrions relayer à nos femmes à Fukushima. Les femmes à Fukushima sont totalement épuisées mentalement et physiquement, mais votre soutien va les relancer.

En effet, avec 54 centrales nucléaires du nord au sud, au Japon, il n’ y a pas lieu d’évacuation sûre à 100% pour les enfants de Fukushima tant que toutes les centrales ne seront pas arrêtées et gardées sous contrôle.

Les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima littéralement détruits, ne pourront jamais redémarrer. Il est en outre impossible de s’en approcher à cause des radiations et de la température.

Le physicien Michio Kaku le dit dans une interview : « A meltdown is forever ». Traduisez : Une fusion de réacteur a des conséquences définitives » en ce qui concerne la centrale et ses environs, bien entendu, mais aussi et surtout sur l’environnement et la santé à grande échelle : On ne peut pas faire demi-tour. La terre, l’eau et l’air seront contaminés pour des millions d’années et les efforts développés par les hommes pour combattre la radioactivité semblent dérisoires. « Tenter de refroidir le réacteur en déversant de l’eau avec des hélicoptères est pathétique » explique Michio Kaku, « C’est comme combattre un incendie de forêt avec un pistolet à eau ».

TEPCO envisage la construction d’un barrage pour empêcher les eaux contaminées de couler vers le Pacifique mais une analyse disponible ici montre que ce projet n’aura sans doute pas, là encore, l’efficacité escomptée : L’eau contournant le barrage pour passer à côté, ou par dessous.

Le corium de Fukushima : la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme 

Corium : c’est le mot tabou de Tepco. Pourquoi l’entreprise responsable de la plus grande catastrophe nucléaire au monde n’en parle jamais ? Tout simplement parce que c’est la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme, une sorte de magma incontrôlable et ingérable, aux conséquences incommensurables. Étant donné que beaucoup d’informations contradictoires circulent sur cette matière rare et mal connue, voici le point des connaissances actuelles (**). 

On ne communique pas beaucoup sur le sujet dans le milieu du nucléaire, sauf entre experts. En effet, c’est la bête noire du monde de l’atome, car cette matière n’existe qu’en cas d’accident grave. Three Mile Island en 1979, Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 ont produit chacun leur corium. Si l’on connaît aujourd’hui les coriums des deux premiers accidents cités, on ne sait pas grand-chose de celui de Fukushim a, car il faudra attendre des années avant que celui-ci ne se refroidisse et que l’on puisse l’approcher. Pour autant, on peut essayer d’évaluer sa nature, son action et ses conséquences. (voir article sur le corium ici)

L’évacuation de Tokyo a été envisagée par le gouvernement japonais mais trop compliqué et économiquement pas rentable à court terme

Des prélèvements ont été effectués un peu partout dans la capitale et certains correspondent à une dose équivalent à 200% de la limite admissible autour de Tchernobyl. Peut-on imaginer une seule seconde devoir transformer une mégalopole de plus de 13 millions d’habitants en « dead zone » ? La carte de ces prélèvements est visible ici.

Récemment, les chiffres, aussi dissuasifs que discutables, de 750 milliards d’euros ont été annoncés pour l’arrêt total du nucléaire en France. Il serait intéressant de calculer combien coûterait le relogement de toute la région parisienne si une catastrophe similaire devait nous arriver. D’autant que la France n’est pas protégée contre les accidents : Rappelons-nous de l’incendie à la centrale du Tricastin le 3 juillet 2011, ou l’explosion d’un four dans la centrale de Marcoule le 12 septembre 2011. Les problèmes actuels du Japon pourraient bien devenir un problème en France également.(…)

Tepco avait évalué le risque de tsunami géant à Fukushima avant le désastre

D’après un responsable de l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle, Tepco a présenté le 7 mars un calcul montrant qu’il existait la probabilité d’un tsunami dépassant le niveau initialement pris en compte pour construire le site (moins de 6 mètres). La compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco) avait fait part verbalement aux autorités nippones d’un risque de tsunami de plus de 10 mètres de haut sur sa centrale de Fukushima Daiichi, moins d’une semaine avant l’accident nucléaire causé par le raz-de-marée géant du 11 mars.

L’agence affirme avoir demandé à Tepco d’agir promptement, mais, quatre jours plus tard, le 11 mars, la centrale de Fukushima Daiichi était en partie submergée par une vague de plus de 14 mètres de haut consécutive à un tremblement de terre de magnitude 9 au large de la côte nord-est, au fond de l’océan Pacifique. Tepco a encore effectué ultérieurement de nouvelles simulations sur la base de documents historiques relatifs aux séismes et aux tsunamis survenus dans les siècles passés, en déduisant qu’il existait une probabilité de vague de 10,2 mètres à 15,7 mètres près des réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi.

Des poèmes comme armes contre le crime nucléaire

Après le 11 mars, Fukushima, le Japon et le monde ont totalement changé.
La radioactivité s’est échappée de la centrale nucléaire ; la priorité économique a sali le monde entier.

Qui a décidé que le nucléaire était très sûr ?
Une centrale nucléaire est aussi une grosse machine. Des fois ça peut casser.
Mais, quand ça casse, on ne peut plus revenir en arrière.
L’accident de Fukushima est arrivé à cause du tsunami et du tremblement de terre, mais ils ont fait marcher cette énorme machine nucléaire qui ne résiste pas aux tremblements de terre, au grand pays des tremblements de terre qu’est le Japon. Donc, dans ce sens-là, c’est une catastrophe, un désastre  totalement artificiel.

On ne peut plus vivre dans la région où on est né.
On ne peut plus manger en étant sûr de ce que l’on mange.
Il faut vivre tout le temps avec une inquiétude pour sa santé.
Tout ça est le résultat du choix de l’énergie nucléaire.

J’ai entendu dire que la France est pro-nucléaire. L’énergie nucléaire a l’air d’être moins chère par rapport à d’autres solutions.
Mais, quand un accident se produit, c’est très cher et dangereux, et quand on voit le problème des déchets…

Plus jamais Fukushima !

Je ne veux pas que vous subissiez la même expérience que nous, car c’est une grande tristesse, de la souffrance et du chagrin…
Arrêtez les centrales nucléaires ! Maintenant !

Et puis, face à cette infâme destinée pour les enfants de Fukushima, face à ce  spécialiste qui nous explique que jusqu’à100 mSv/an c’est sans danger pour notre santé, et aussi face à ce préfet qui l’a invité… secourez-nous !
S’il vous plait….ONEGAI-SHIMASU

Yuko Nishiyama »
(Traduction française : Yumiko)
Source: fukushima.over-blog.fr
http://lesmoutonsenrages.fr/

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(*) Le césium-137 est un élément radioactif dont la durée de vie est considérée comme moyenne. Sa période est de 30,15 ans. Cet isotope du césium est un émetteur de rayons bêta et gamma. Il est produit avec une relative abondance dans les réactions de fission. L’attention prêtée au césium-137 tient au fait qu’à l’échelle d’une centaine d’années, il constitue la principale source de radioactivité des déchets des réacteurs nucléaires avec le strontium-90 et les isotopes du plutonium.

(**) informations du forum technique de Radioprotection Cirkus. Remerciements aux contributeurs

Source : coordination anti-nucléaire sud-est

http://www.spiritsoleil.com/nonaunucleaire/sud-est/index.php?post/2011/11/02/Japon/Fukushima-%3A